Laetitia Klotz
Biographie ( source Transboréal)
Née à Paris en 1981, Lætitia Klotz a grandi à Maule, dans les Yvelines, à équidistance de Versailles, Rambouillet et Mantes-la-Jolie. Ses parents, un Français d’origine alsacienne, et une Vietnamienne élevée à Djibouti, lui transmettent le goût de l’ailleurs. Rapidement, elle veut partir, voyager, connaître et peut-être vivre à l’étranger.
Après deux années de classe préparatoire littéraire, puis des études d’espagnol à la Sorbonne, doublées d’une année en Erasmus à Séville, et de sciences politiques à l’IEP de Bordeaux, Lætitia Klotz travaille pour l’Unesco avant de rejoindre l’ambassade de France à Madrid. Là, elle participe à Radio Círculo de Bellas Artes, qui propose des émissions dédiées aux arts, aux sciences et à la culture, dans le cadre du Cercle des Beaux-Arts. Se confirme alors son appétence pour ce type de média, qu’elle avait découvert à France Bleu Gironde lors de ses études.
Curieuse du monde, Lætitia Klotz privilégie d’abord les courts séjours à l’étranger : Angleterre, Andalousie, Texas, Mexique, Floride, Vietnam sont ses premières destinations. Puis, au début de 2008, elle découvre le Yémen, par amour – et c’est un véritable coup de cœur. Dans la cité millénaire de Sanaa, elle savoure chaque promenade, chaque coucher de soleil sur les montagnes, et se nourrit au fil du temps de ses rencontres avec la population. Elle y restera trois ans, qui lui permettront de se familiariser avec la langue arabe et d’approfondir sa connaissance de l’islam. Au terme de cette période heureuse, il lui faut plier bagage, poursuivre ce qui deviendra une véritable trajectoire d’expatriée. Prochaine destination : l’Arabie Saoudite, bien différente du Yémen, plus fermée, plus secrète, mais riche aussi de rencontres et d’expériences inouïes.
À l’issue de trois années en Arabie Saoudite, le besoin de se raccrocher à une terre, d’avoir un port d’attache s’impose. Ce sera Saint-Jean-de-Luz et le Pays basque. Lætitia Klotz s’y fait des amis, une famille, sait que sa maison est là, désormais. Cela lui permet de repartir encore plus librement : à Singapour, d’abord, où elle travaille au lycée français, renoue avec la radio et s’investit dans une association d’aide aux employées de maison maltraitées – ce qui aboutira à la publication d’un ouvrage collectif, Our Homes, Our Stories: Voices of Migrant Domestic Workers in Singapore (HOME, 2018). Mais l’appel de la « perle de l’Afrique » se fait entendre. En septembre 2018, la voyageuse arrive à Kampala et, forte de son goût pour la radio, crée Bonjour Kampala, la première web-radio francophone d’Ouganda, où elle anime une émission sur les femmes, « L’École des femmes ».
Bibliographie
Intime Arabie, Confidences saoudiennes
Extrait ( source Transboréal)
Le camp :
« Cela fait presque deux mois que j’habite à Jubail, en Arabie Saoudite. J’ai l’impression de n’avoir encore rien fait, rien mis en place, rien vu d’autre que mon compound. Ma vie se réduit à des promenades redondantes et circulaires, dans les fins d’après-midi. Deux kilomètres, cela peut être long avec deux enfants en bas âge. La partie arrière, côté sud, en bordure du mur, n’est pas des plus charmantes, alors nous nous contentons en réalité de la façade maritime. Nous y faisons des allers-retours, passant d’une plage à l’autre, de la pointe est à la pointe ouest. Puis vice versa. Nous avançons à petits pas ; je regarde la mer, la ligne de bouées orange qui délimite la frontière de notre monde avec le vrai monde. La mélancolie m’assaille. Ce n’est qu’un petit bras de mer fermé et l’on ne voit rien à l’horizon si ce n’est la rive d’en face. Même si elle est en Arabie, qu’elle n’est ornée que d’une mosquée et de ses minarets, que personne ne s’y promène, cette rive me paraît belle, vaste, libre. Elle signifie la possibilité d’une évasion, de sortir de mon enclos. Comme si, de l’autre côté de mes murs, de la ligne de bouées, sur cette plage d’Arabie, il y avait la liberté. »
Éditions Transboréal 2020