Biographie
Arabisant licencié de l’Inalco, après divers courts séjours au Maghreb et au Moyen-Orient, Sébastien Deledicque arrive au Yémen en septembre 2002, afin d’y une rédiger une maîtrise sur la littérature yéménite contemporaine. Très rapidement séduit par ce pays dans lequel il retrouve fidèlement la riche culture arabe classique découverte durant ses études, Sébastien Deledicque préfère délaisser les études pour le travail. De 2003 à 2006, outre une courte expérience dans une agence de voyage, il travaille ainsi principalement dans le cadre de la coopération linguistique, à Aden, en tant que responsable du centre culturel français, tout en acquérant un premier bateau en compagnie d’un ami, porte d’entrée dans le monde des pêcheurs traditionnels auquel il sera dès lors viscéralement attaché, et en découvrant l’Afrique de l’est – Ethiopie, Erythrée, Djibouti, Zanzibar – durant de courts voyages.
Sébastien Deledicque est embauché comme consultant par une compagnie pétrolière française à la fin de l’année 2006, afin de préparer l’enfouissement d’un pipeline de gaz entre Mareb et le golfe d’Aden en assurant grâce à ses compétences linguistiques le lien et la communication avec les communautés villageoises impactées par ce projet industriel. Quatre années qui lui permettent d’alterner la découverte en profondeur des territoires tribaux de Shabwa, d’ordinaires inaccessibles aux étrangers, et une vie paisible dans la vieille ville de Sanaa, en compagnie de Liza, son épouse adénie à laquelle il s’unit en 2007.
Sébastien Deledicque démissionne de son emploi de consultant pour la compagnie pétrolière en 2010, et retourne dans la foulée à ses premières années yéménites, en s’installant à Aden, pour s’immerger dans la vie populaire de ce pays qui ne cesse de le fasciner, notamment auprès des pêcheurs, qu’il côtoie alors quotidiennement, sur mer et sur terre, tout en commençant à se faire la plume par quelques premiers écrits littéraires. En 2011, alors que la révolution yéménite s’ébauche, Sébastien Deledicque se rend plusieurs mois en Écosse afin de préparer le diplôme britannique de Yachtmaster, obtenu en décembre 2011 dans les eaux du firth of Clyde et du Mull of Kintyre. De retour au Yémen juste après cette expérience, Sébastien Deledicque reprend ses habitudes auprès des pêcheurs d’Aden, et acquiert un nouveau bateau de pêche traditionnel, « Al Nasr », houri non ponté de sept mètres qu’il grée d’une voile latine. Après un passage de plusieurs mois à Perpignan en 2013, puis dans les Territoires palestiniens à l’été 2014, dans le cadre du développement du sentier de randonnée « Abraham Path » qui serpente de la Turquie à Hébron, Sébastien Deledicque retourne au Yémen en décembre 2014, et commence un mois plus tard ses fonctions actuelles de secrétaire général adjoint de l’Institut français du Yémen.
Sébastien Deledicque évacue Sanaa en avril 2015, deux semaines après le début de la guerre déclenchée par la coalition saoudienne, et s’installe à Perpignan. Son amitié pour le peuple Yéménite l’incitant à témoigner, il se consacre à l’écriture littéraire.
Bibliographie
Nouvelles
Editions Transboréal. Octobre 2016
- Quelques pas vers la guerre
Nouvelles
Editions Annick Jubien. Avril 2020
Le golfe d’Aden est une vaste baie étendue entre la corne de l’Afrique et la côte sud de la péninsule Arabique. Long d’un millier de kilomètres, et d’une largeur de 150 à 400 kilomètres. N’y croisent plus que des tankers gigantesques, hermétiquement clos, refermés sur eux-mêmes, des boutres de caboteurs et des esquifs de pirates ou de pêcheurs – bateaux sommaires, offerts à tout vent. Les premiers y passent sans traîner ni s’arrêter, les autres y courent le large, ni plus ni moins que comme il se doit : tantôt pour leur bonheur, tantôt pour leur malheur. Quotidiennement, les pêcheurs s’y éloignent des côtes sur leurs embarcations n’ayant guère évolué depuis des centaines d’années. De retour à terre, ces hommes de peine rompus à la souffrance et aux privations, mais côtoyant également le merveilleux, doivent vivre comme tout un chacun, quoique selon leur propre vision de la vie. Car peut-être est-ce davantage que des prises écaillées que les modestes pêcheurs ramènent aux terriens – de l’intemporel, aussi pur et nécessaire à l’être humain que la chair des poissons. Mer et terre, deux mondes différents, opposés mais complémentaires, tous deux constitutifs, avec le ciel, de cette merveille sur laquelle nous posons nos regards. Et évoluons.
Nouvelles
Editions 5 sens. Septembre 2020